« Faire le point » avec la boussole et la carte, lorsqu’il est trop tard et qu’on est déjà perdu…

Dans la précédente Malle Poste, j’ai présenté les organes vitaux et fonctions élémentaires de la boussole, cet outil que l’on apprend à apprécier lorsqu’on s’est perdu une bonne fois… Pour ceux qui sont suffisamment prévenants pour emporter une boussole lors de leurs périples équestres, je vais à présent essayer d’expliquer en quoi consiste « faire le point » !

A quel moment est-il nécessaire de faire le point ?

En permanence ! « Faire le point » consiste à consulter régulièrement votre carte au cours de la randonnée, et procéder à un relevé d’azimut à chaque fois que vous le jugez nécessaire.

Le bon « pilote » est soucieux de vérifier à la boussole son cap (« azimut » ou angle de marche) à chaque changement de direction, lorsque la seule observation des éléments remarquables (bâtiments, noms de lieux-dits, cours d’eau…) ne suffit pas : à travers les landes ou en forêt, en cas d’apparition de nouveaux chemins ou de bâtiments, de modification de la végétation…

Mais tout le monde n’est pas aussi persévérant… en rando, on prend son temps, on ne se prend pas la tête, on range la carte en se disant que « de toute façon, c’est balisé »… jusqu’au moment où les balises ont totalement disparu ! (la végétation a envahi les lieux, ou des petits malins se sont amusé à décrocher les balises agrafées par les gentils bénévoles, de l’AACIV ou d’ailleurs…)… et vous voilà perdu(-e)(-s) ! C’est à cet instant – dès que l’on constate que plus rien ne correspond entre ce qui est sur la carte et ce qu’on a sous les yeux ! – qu’il faut s’arrêter, pour prendre ensuite la décision qui s’impose…  plus tôt vous stoppez, plus il vous sera aisé de faire le point. En revanche, si vous avez commis l’erreur de continuer à progresser dans une direction que vous supposiez pourtant n’être pas bonne, vous aurez intérêt à bien maitriser toutes les subtilités de la triangulation – ou vous en remettre à la chance de retomber sur votre itinéraire ou sur un endroit civilisé… ce choix comporte le risque de s’écarter encore davantage, et de faire des kilomètres en trop !

Si on ajoute à ce petit exercice permanent, une bonne évaluation des distances (au pifomètre ou grâce à un étalonnage scrupuleux de son cheval), il n’y a aucun risque de se perdre.

Existe-t-il un moyen plus simple de s’en sortir vivant ?

Il existe un réflexe encore plus salvateur, qui consiste à faire demi-tour pour rejoindre le dernier endroit bien identifié sur la carte et sur le terrain, afin de reprendre sa route après avoir relevé le bon angle de marche sur la carte (voir article précédent) ; mais il n’est pas toujours possible de faire demi-tour, si vous êtes trop nombreux, si le terrain est très difficile… pourtant, dans ce dernier cas, et sachant que vous n’êtes pas sur le bon itinéraire, il est pourtant plus sage de décider de faire demi-tour (puisque vous avez réussi à arriver jusque là !) que de vous obstiner à poursuivre sur un chemin qui n’est manifestement pas adapté aux chevaux… vous risquez de rencontrer plus tard des passages carrément dangereux !!!

Alors… comment faire le point
quand on est VRAIMENT perdu ?

Vous voilà donc perdu au milieu de nulle part, sans possibilité de faire demi-tour, peut-être même pressé par la tombée de la nuit (Quelle angoisse ! Heureusement cela arrive rarement… mais ça peut arriver !)… pour commencer, il vous faut atteindre un point correspondant à un élément remarquable de la carte. Dans le meilleur des cas, vous tomberez sur un hameau ou n’importe que endroit peuplé, vous pourrez donc faire le point sans boussole (à la condition qu’un autochtone puisse vous renseigner !), en identifiant ce lieu sur la carte, et en choisissant le meilleur trajet pour rejoindre votre itinéraire.

La solution de l’extrême, celle qui nécessite l’emploi de la boussole, consiste sinon à atteindre un endroit dégagé ou une hauteur, qui vous donnera un bon point de vue. Voici enfin la fameuse méthode de la triangulation !

La fameuse méthode de la « triangulation » !

Cette méthode est utilisée pour identifier sa position sur la carte, en relevant sur le terrain les azimuts de deux ou trois repères caractéristiques (sommets, château d’eau, église…) bien identifiés. Le terme « triangulation » s’applique lorsque l’on utilise trois points de repères, mais deux peuvent suffire, voire un seul dans certains cas (par exemple, si vous vous trouvez sur une ligne de crête, dans une combe ou sur un chemin – GR par exemple – ou une route identifiée sur la carte : votre position se trouve à l’intersection entre l’azimut reporté et la voie que vous êtes en train de suivre).

Pour commencer, il vous faut orienter votre carte vers le Nord, en posant votre boussole sur le bord de la carte (ou perpendiculairement au sens des écritures si vous ne disposez pas d’une carte entière).

Choisissez ensuite deux ou trois repères, visibles sur le terrain et matérialisés sur la carte. Assurez-vous que les repères que vous voyez correspondent bien aux éléments de la carte, et soyez particulièrement vigilant aux effets indésirables du relief !

Une fois les repères sûrement identifiés, il vous faut effectuer les opérations suivantes :

  1. relever l’azimut du premier repère (par exemple, un château d’eau à 30°),
  2. reporter cet azimut sur la carte, à partir du repère correspondant sur la carte, en le poursuivant dans la direction opposée, c’est-à-dire vers vous (30° + 180°),
  3. faire de même pour le ou les autres repères,
  4. déterminer votre position, qui correspond théoriquement à l’intersection des deux azimuts reportés (à une marge d’erreur de quelques millimètres près) ; pour préciser votre position, une troisième visée est utile, à partir d’un troisième repère. Vous tracerez ainsi que la carte 3 lignes de visée, formant entre elles un petit triangle (d’où le nom de « triangulation ») dans lequel vous devez vous trouver.

Voilà, à partir d’ici vous pourrez choisir le plus court et plus sûr moyen de retomber sur vos pattes !

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Commentaires

  1. Pascal

    Nadia, je trouve que t’es pas très sympa avec ta copine, franchement, mettre une photo de Ange pour illustrer l’article « …on est déjà perdu » !

    Pascal

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