Mise en condition du cheval de randonnée

Dans la perspective de la prochaine Trans Ille et Vilaine tant attendue, je ressors des archives cet article toujours d’actualité ! Bonne lecture, et bons préparatifs !

Nadia

Objectif Trans Ille et Vilaine : préparation du cheval d’extérieur

Avec l’arrivée (tant attendue !) des premiers beaux jours, les cavaliers d’extérieur transis de hâte et frustrés de sorties par cet hiver long et boueux commencent à songer aux projets de la belle saison, et comme moi peut-être que certains d’entre vous sont en train de planifier le programme de (re)mise en forme de leur compagnon en vue de participer à la prochaine édition de la Trans Ille et Vilaine, et autres réjouissances équestres printanières.

A titre d’exemple, et à la lumière d’ouvrages plus ou moins spécialisés, je vous transmets ici le fruit de mes propres réflexions, en espérant que cela puisse vous aider à structurer vos propres séances de préparation à la rando.

N’étant pas spécialiste de toutes les questions inhérentes à la préparation physique du cheval, je vous invite à compléter ceci par d’autres réflexions sur le choix de l’alimentation du cheval de loisir, le fonctionnement locomoteur du cheval (en sortie d’hiver, un check-up véto et ostéo peut s’avérer pertinent!), l’adéquation du parage ou de la ferrure à l’activité prévue, le choix du harnachement… et j’invite tous les autres contributeurs possibles à la Malle Poste à apporter leurs propres connaissances et questionnements au « débat »!!!

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A la sortie de l’hiver, les chevaux ayant vécu au pré sans accès direct à une aire de travail adaptée (carrière, manège) ont, pour la plupart… glandouillé sévère. Ce qui, d’un point de vue métabolique, n’est pas la meilleure façon d’entretenir une bonne condition physique sur la durée ; sachant qu’il faut en règle général plus de trois mois, sur la base de 3 à 4 séances hebdomadaires, pour observer les premiers effets d’une préparation physique bien menée ; plus d’une année pour que le corps ait opéré tous les changements nécessaires pour en conserver durablement le bénéfice ; et « trois années d’exercice régulier pour qu’un cheval atteigne l’apogée de sa condition physique » (J.A.Ballou, Guide de la Préparation Physique du Cheval)… autant dire que nos petits athlètes de campagne ayant passé tout l’hiver à attendre, comme nous, les beaux jours, ne sont pas prêts à prendre le départ du Lion d’Angers.

Évidemment, il faut savoir rester raisonnable sur ses moyens et ses objectifs, si l’enjeu du cavalier de loisir est de partir à cheval sur une ou plusieurs journées consécutives, en progressant essentiellement au pas, il n’est pas nécessaire de se préparer un programme olympique. En revanche, dès lors qu’on envisage de faire de longues distances (plus de 25km par jour), à des moyennes plus élevées qu’une simple marche (plus de 8km/h sur la journée), à des allures ponctuellement vives, sur des terrains variés, voire, soyons fou, de sortir aussi en endurance ou TREC à petit niveau, un minimum de mise en condition est à prévoir.

En effet, un cheval adulte dans la force de l’âge (entre 5 et 15 ans) sans souci de santé « peut » sortir du pré sans entraînement, faire une rando dominicale aux trois allures (avec une grande majorité de pas) d’une distance raisonnable et « s’en remettre » au cours de la semaine de repos suivante… encore faut-il ne pas être alors trop pointilleux sur ses capacités de récupération, car on pourrait être surpris de ce qu’il aurait à nous dire : courbatures, engorgements… risques de coup de sang et de coliques ne sont jamais à prendre à la légère et une surveillance avisée de l’état de son cheval après chaque sortie, l’adaptation de son alimentation et le soin porté à sa réhydratation sont toujours de mise pour éviter un incident.

En revanche la situation diffère avec un jeune cheval (un cheval est « jeune » jusqu’à ce que sa croissance soit achevée, dans le meilleur des cas vers 5 ans, généralement vers 6 ou 7…) ou un cheval âgé. À partir de 15 ans, un cheval est considéré comme « âgé » d’un point de vue physiologique : ses capacités de récupération se dégradent, sa masse musculaire et l’élasticité de celle-ci sont plus difficiles à entretenir, ses besoins alimentaires changent, les signes de l’arthrose peuvent commencer à se manifester… même si parfois les premiers signaux de la vieillesse sont retardés par un tempérament alerte et volontaire, et un exercice physique régulier, tout propriétaire se doit d’y être vigilant, pour préserver sa monture le plus longtemps possible !

J’évoquerai donc les points spécifiques aux cas des « jeunes » et « vieux » chevaux que l’on souhaite préparer à une saison de balades et de randonnées, à la lumière de mes propres erreurs… et expériences positives !

 

Préparer un jeune cheval à la randonnée

Pour reprendre le projet d’une participation à la Trans Ille et Vilaine, pour l’avoir vécue moi-même avec ma jeune jument âgée alors de 4 ans, je confirme que cette première expérience de la randonnée, dans un contexte confortable (itinéraires reconnus, étapes organisées à l’avance, compagnons de route sympathiques et expérimentés!) peut constituer une étape-clé dans l’éducation du jeune cheval d’extérieur ; celui-ci va en effet apprendre tout à la fois à : doser ses efforts sur plusieurs journées de rando consécutives, vivre en communauté, tenir sagement à l’attache, et… découvrir le monde en toute sécurité !

Cependant, si l’on souhaite éviter de rencontrer des désagréments, un minimum de préparation s’impose ; apprendre à sortir sereinement et calmement seul, en groupe, mais aussi à quitter ou rejoindre un autre cheval ou un groupe de chevaux, fait partie des prérequis à maîtriser avant de prendre le départ. Il est aussi important d’apprendre à son cheval à gérer son effort sur une journée complète (20 à 25km) car un jeune cheval peut être très surpris par l’effort à fournir : pas question de « chauffer » bêtement et gaspiller son énergie sur les trois premiers kilomètres, il s’agit d’arriver en forme à l’étape du soir !

Il est également important, d’un point de vue strictement éducatif, d’apprendre à son cheval, à l’occasion de sorties en main, ou monté et accompagné d’un cheval expérimenté, à ne pas craindre la circulation routière (il peut être utile de faire appel à des chauffeurs complices, qui sauront passer à votre hauteur en adaptant leur vitesse, voire d’arrêter si votre cheval s’inquiète…). Il est également important de consacrer quelques séances à la découverte du « contexte urbain » : arrêt aux feux de signalisation, passages cloutés, plaques d’égout, respect des passages aménagés pour les chevaux… mais aussi, en milieu rural, apprendre à traverser les flaques d’eau, rivières, passages boueux, passerelles, fossés, tout ceci sans se formaliser (ou le moins possible!)… là encore l’intervention judicieuse d’un complice à pied, ou la présence d’un autre cheval peuvent faire des merveilles.

L’immobilité au montoir, le respect des allures et la mise en place de codes précis pour affiner la direction font aussi partie des éléments clés du métier de cheval d’extérieur. Le travail au sol et sur le plat, en carrière, ne sont pas à négliger car ce sont eux qui vont permettre de mettre en place ces codes et cette complicité, qui vous permettront d’aller, sinon au bout du monde, du moins à travers Rennes à cheval ! Pour autant, il est indispensable de quitter aussi souvent que possible le bac à sable pour que votre jeune cheval affronte sereinement le monde extérieur, et ne panique pas, le grand jour venu, face à l’infinité de surprises visuelles et sonores qui l’y attendent… !

Préparer un vieux cheval à la randonnée

Si le jeune cheval a droit à un traitement de faveur, le cheval d’âge mérite aussi qu’on adapte sa mise en condition, afin de lui permettre une récupération optimale de ses efforts. Du fait du vieillissement de son système musculaire et articulaire, le vieux cheval est davantage sujet aux courbatures et raideurs, son effort doit donc être adapté, avec un temps de détente et une période de récupération active plus longs que pour un cheval « dans la force de l’âge ». Pour éviter de contraindre trop fortement les articulations et les ligaments, il est notamment conseillé de limiter le travail au trot, de privilégier le galop et bien sûr, le pas ; mais aussi de choisir ses terrains : emprunter certains chemins « gras » comme c’est le cas actuellement n’est pas judicieux car ceux-ci fatiguent les tendons. Mieux vaut cheminer au pas sur la route, en attendant que les chemins soient de nouveau praticables sans effort…

La consultation d’un ostéopathe vous renseignera sur les points à surveiller chez votre vieux cheval, et vous fournira les exercices les mieux adaptés pour lutter contre ces « points d’usure » mécanique : surveillance des tendons, massages et étirements utiles, divers exercices d’assouplissement peuvent rendre plus confortable les séances de travail pour votre cheval, et lui éviter d’avoir des « poteaux » après une sortie un peu sportive, ou mal au dos après une journée de rando.

Il faut également limiter le poids total qu’il aura à porter (harnachement + cavalier + bagage) au strict minimum, et prévoir une préparation musculaire optimale pour l’aider à supporter ce poids : le travail au sol, à la longe ou aux longues rênes, à la recherche d’une attitude déliée et étendue permettant de muscler efficacement le dos et la ceinture abdominale seront utiles et très bénéfiques.

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Proposition de programme de remise en forme sur trois mois :

Février – 2 à 3 séances hebdomadaires

  • une sortie de 5 à 10km (1 à 2h) au pas sur terrain adapté (en évitant les terrains trop profonds)
  • une séance de travail au sol (en liberté, longe ou longues rênes) de 20 à 30′
  • et/ou une séance de travail sur le plat ou promenade aux trois allures de 30 à 45′

Mars – 2 à 4 séances hebdomadaires

  • une sortie de 10 à 15km (1h30 à 2h30), dominante pas
  • et/ou un « trotting fractionné » de 3 à 5km : alternance pas/trot toutes les 2 à 5’*
  • une séance de travail au sol (en liberté, longe ou longues rênes) de 20 à 30′
  • et/ou une séance de travail sur le plat ou à l’obstacle ou en terrain varié de 30 à 45′

Avril – 3 à 4 séances hebdomadaires

  • une sortie de 15 à 20km (2h30 à 4h), dominante pas
  • un « trotting » de 5km : premier km au pas, trot ou galop calme et régulier, dernier km au pas*
  • une séance de travail au sol (en liberté, longe ou longues rênes) de 20 à 30′
  • et/ou une séance de travail sur le plat ou à l’obstacle ou en terrain varié de 30 à 45′

*Seront remplacés pour le cheval âgé par une sortie au pas et galop en suspension (moins éprouvant pour les membres et le dos), ou une promenade au pas.

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Voici un exemple de programme inspiré de divers conseils de cavaliers de randonnée, de TREC et d’endurance, et de ma propre expérience ; il est possible, à la condition d’avoir assez de temps disponible, d’augmenter assez tôt la durée des sorties en promenade, sans en augmenter nécessairement l’intensité (un pas actif sur plusieurs km en terrain varié a de meilleurs résultats physiologiques qu’une séance courte et intense en lieu clos, et un bien plus grand intérêt psychologique pour le cheval d’extérieur!)

Si le travail sur le plat ou au sol nécessitent de disposer d’un espace de travail adapté (carrière, rond de longe ou équivalent), ils présentent l’intérêt, à la condition de respecter des temps de détente et de récupération active adéquats, de permettre de cibler, sur une séance plus courte, un objectif précis: gymnastique et assouplissement musculaire, travail sur la conduite ou les transitions d’allures, exercices d’éducation (montoir, immobilité, maniabilité…).

Fort heureusement, le changement d’heure imminent permettra d’augmenter la fréquence des séances de travail et sorties à l’extérieur, le soir après le travail… car concentrer les sorties le week-end n’est pas la meilleure solution, cela ne permettant pas au cheval de récupérer efficacement. Mieux vaut les répartir – autant que possible – au cours de la semaine ; ou rechercher un cavalier partenaire, qui vous aiderait à mettre et maintenir votre cheval en condition toute la saison !

Nadia

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Commentaires

  1. Renou

    Merci beaucoup pour ce programme… Chargé si l’on veut s’y tenir mais sans doute indispensable.
    Au moins c’est une excellente base à travailler selon nos chevaux et disponibilités ! Exactement que je cherchais ! Merci !

  2. Berneron elvina

    Merci beaucoup pour ses précieuses informations et le temps que vous y avez consacré.
    Cdt

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